Non. Ce ne sont pas des mains, ce sont des hommes, des femmes.
Ce ne sont ni fragments, ni débris, mais des vies entières – gâchées, saccagées, arrêtées.
Ils étaient ensemble un corps intègre, une unité vivante, colorée.
Tout un pays – massacré, meurtri.
Chaque main riche de milliers de gestes, tendres ou rudes, travail ou caresse
Epis de labeurs, pousses d’accomplissement, graines d’avenir
autant de fleurs jetées
de prières trahies, d’espoirs gaspillés
de projets mutilés, d’oeuvres convulsées, de sursauts.
Traces, signes, griffures, plaintes, par où la vie saigne et appelle, tremble, remue, souffre,
la toile pieusement les recueille.
Des êtres rendus impuissants s’agitent, se soulèvent : Agir !
Brisée verte
la vie palpite encore
Martine Monteau
(poète, historienne et critique d’art)
Paris, mars 2013, [à l’occasion de l’exposition Disjecta membra]